Fabrizio Impellizzeri

L’AUTOFABULATION ÉROTIQUE DE ROBERTE DANS l’ŒUVRE DE PIERRE KLOSSOWSKI

ABSTRACT. Pierre Klossowski (1905-2001), écrivain, peintre, traducteur, philosophe et frère de Balthus, épouse Denise Morin-Sinclaire en 1947. Dès lors, Denise devient son modèle conjugal, celle qu’il a choisie entre toutes pour accueillir le corps et l’esprit de sa monomanie : Roberte. Le signe unique du nom de Roberte,
nommé et renommé comme une litanie, apparaît ainsi dans l’œuvre klossowskienne comme une véritable révélation d’identités superposées. Elle est d’abord épouse, puis se transforme, au fil des textes et des tableaux, en femme immorale. Roberte est omniprésente dans la trilogie de Les Lois de l’hospitalité (Gallimard 1995) qui contient dans l’ordre : La Révocation de l’édit de Nantes (Les Éditions de Minuit 1959), Roberte (Les Éditions de Minuit 1954) et Le Souffleur ou le Théâtre de société (Les Éditions de Minuit 1965). Dans son importante postface, Klossowski explique la raison pour laquelle Roberte est pour lui une véritable obsession : elle véhicule sa pensée et sa peau peut être comparée à son œuvre toute entière. En ce sens, le corps de Roberte est mainte fois réinvesti tout au long des différentes transcriptions, qu’elles soient narratives, picturales ou sculpturales. On la voit surexposée dans tous les tableaux de l’auteur et sous différentes formes : habillée, nue, étreinte ou seule en compagnie de ses fantasmes. On la perçoit également superposée au corps de jeunes garçons qui se ‘transsexualisent’ dès qu’ils portent sur leur visage le masque pervers de Roberte. Denise se prête ainsi de manière complice à la monomanie de son époux.

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