René Corona

ARGOT, SYNONYMIE ET CHANSONS

Les honnêtes gens de la chanson, pour la plupart, ne sont pas considérés comme des poètes (d’aucuns pensent le contraire et nous n’allons pas soulever cet argument qui nous entraînerait trop loin), souvent ils utilisent l’argot pour encanailler l’auditeur – tradition qui remonte au XVIIIe siècle avec les chansons de Vadé –, un peu comme les bourgeois du début du XXe qui cherchaient, dans les bals musettes, à rencontrer des apaches; mais l’argot n’est pas seulement une langue cryptique, ancêtre de celle que pratiquaient les truands de la Cour des miracles, l’argot est également une langue mise au service de la poésie, au service de la langue familière, au service de la métaphore. Et de la chanson. La chanson a toujours été considérée comme un sous-genre, quelque chose que l’on pratique, ni vu ni connu, devant une glace le matin, en se rasant. Fredonner est le verbe exact. Il y a dans la première syllabe de ce verbe toute la discrétion nécessaire de l’homme comme il faut qui ne chante pas à voix haute pour ne pas trop se faire entendre. Du latin fritinnire, nous dit le Robert de la langue française, gazouiller. Et les onomatopées font la loi.

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